Depuis mars 2020, le cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la qualité de vie au travail, évalue régulièrement la santé mentale des salariés. Sarah Lemoine commente les résultats récents.
Quelle est la situation psychologique des salariés selon Empreinte Humaine ?
Le dernier baromètre, publié mardi, montre une légère amélioration : 42 % des salariés interrogés avant l’été se disent en détresse psychologique, contre 48 % en octobre dernier. Cependant, 15 % des sondés souffrent toujours d’une forte détresse, et 1 salarié sur 10 est à risque de burn-out grave, surtout chez les jeunes. Ces résultats concordent avec l'augmentation des arrêts maladies prolongés, une tendance préoccupante.
Cette détresse psychologique est-elle liée au travail ?
En dépit des crises récentes (covid, guerre en Ukraine, hausse du coût de la vie, crise politique), 8 salariés sur 10 en détresse l’attribuent partiellement ou totalement à leur travail. Ils citent le manque de temps pour bien faire leurs tâches, l'impossibilité de refuser des charges supplémentaires, des outils de travail inadaptés, la pression pour privilégier la quantité à la qualité, et la peur du blâme. Ces salariés "entravés" sont deux fois plus susceptibles d’être en détresse que leurs collègues.
Quelles améliorations peuvent être apportées dans les entreprises ?
Près de la moitié des salariés déplorent que les managers toxiques ne soient pas recadrés et que le droit à la déconnexion ne soit pas respecté. Plus de la moitié estiment que les objectifs ne tiennent pas compte du stress et des risques psychosociaux. Le principal problème reste la charge de travail, souvent mal mesurée par les directions, notamment dans les petites et moyennes entreprises, où la détresse psychologique est plus marquée.